Techniques ostéopathiques
Lecteurs visés : professionnels de santé et patients
Introduction
Les techniques ostéopathiques se divisent classiquement en 4 grands types :
- Structurelles
- Myofasciales (à venir)
- Viscérales
- Crâniennes (à venir)
Nous allons ici les décrire succinctement afin que celles-ci vous paraissent moins mystérieuses.
Sachez tout d’abord que toutes les techniques ostéopathiques ont été mises en place sur une connaissance très poussée de l’anatomie et de la biomécanique du corps humain. En effet chaque Ostéopathe D.O. a normalement, pendant au minimum ses 4 premières années d’études, appris et réappris chaque année, l’anatomie humaine : de l’appareil locomoteur, du système viscéral, du système nerveux, du crâne, etc. en détails!
Les techniques structurelles
1) Structures concernées
Ce sont principalement les articulations de l’appareil locomoteur et du tronc. A savoir, les articulations intervertébrales (en particulier celles correspondant aux processus articulaires postérieurs).
Les articulations costo-vertébrales et costo-sternales, les articulations des membres inférieurs et supérieurs et les articulations du bassin (sacro-iliaques, symphyse pubienne).
2) But de ces techniques
Redonner la mobilité aux articulations qui voient leurs amplitudes diminuées voire même parfois complètement limitées.
Différents tests spécifiques vont nous permettre de mettre en évidence ces restrictions de mobilité. Paradoxalement, il n’est pas rare que les patients eux mêmes n’aient pas conscience de ces limitations de mobilité. En effet, cela concerne quelques articulations sur plus d’une centaine !
3) Comment se met en place une restriction de mobilité ou « blocage » ?
Un choc, un faux mouvement ou une attitude vicieuse répétée, peuvent être responsables de la mise en place d’une restriction de mobilité. Soit par une réaction réflexe de spasme des muscles péri-articulaires (cas d’un choc oud’un faux mouvement) soit par une adaptation en longueur des muscles péri-articulaires.
Exemple :
Imaginez le mas d’un bateau maintenu en position verticale par un système de haubans élastiques. Si on l’incline volontairement, à l’aide d’une force extérieure, sur un côté. Les haubans du côté de l’inclinaison vont se raccourcir et ceux opposés vont s’étirer. Si on le laisse et que l’on enlève la force extérieure qu’au bout de quelques mois, en analysant uniquement les effets sur
les élastiques, ceux qui auront été étirés auront perdu de leur qualité élastique et ceux du côté raccourci auront une qualité élastique conservée.
Il en est schématiquement de même pour le système péri-articulaire d’une articulation vertébrale. Les muscles du côté incliné seront plus courts et ceux du côté étiré seront plus longs.
La vertèbre se retrouvera ainsi, par son système péri-articulaire, maintenue dans une position d’inclinaison.
Il faut savoir que dans les articulations vertébrales, il y a 3 articulations : 1 en avant et 2 en arrière de chaque côté.
Lorsque l’inclinaison sur un côté est maintenue par un système musculaire ou autre, les surfaces articulaires latérales du côté de l’inclinaison, vont rentrer en contact…
En rentrant en contact il se crée entre elles, si ce contact est longtemps maintenu, une dépression. C’est également en partie cette dépression qui réalise un autre système de maintien de la vertèbre en inclinaison. En effet, comme pour 2 plaques de plexiglas humides que l’on mettrait en contact, il faut une force importante pour les décoller.
C’est cette force de retenue (la dépression) qui maintient, en parallèle avec la tonicité des muscles péri-articulaires, la vertèbre « bloquée ».
4) Principes de la technique structurelle
L’ostéopathe, qui connait la biomécanique de l’articulation concernée en rapport avec les surfaces articulaires et les muscles en présence, va amener l’articulation dans le mouvement qui est limité.
Il va ensuite, pour traiter ce défaut de mobilité, réaliser une mobilisation très rapide et de très faible amplitude (technique appelée « thrust ») contre la restriction de mobilité constatée.
Cependant, pour que la technique soit efficace et correctement réalisée, le patient doit être parfaitement relâché.
Pour cela, le praticien met en place la technique de manière très douce afin de mettre en confiance son patient qu’il aura au préalable prévenu, avant de réaliser sa technique, du déroulement de cette dernière et de la petite impulsion (indolore) qu’il va réaliser.
5) Conséquence de la technique
- La faible amplitude a pour conséquence de garantir l’inoffensivité de la technique vis à vis des autres articulations et de celle traitée.
- La rapidité d’exécution a pour objectif de libérer l’articulation de ses contraintes internes (annuler la dépression intra-articulaire) mais également d’avoir une action par voie neurologique sur le système musculaire péri-articulaire (autour de l’articulation concernée) afin que ce dernier ne maintienne pas l’articulation bloquée, comme c’est souvent le cas.
Ce sont ces deux composantes qui garantissent l’efficacité de la manipulation.
6) Le crack ?
La libération de l’articulation et donc de la dépression intra-articulaire, peut donc s’accompagner d’un classique « craquement » correspondant à la séparation des surfaces articulaires de l’articulation traitée. Exactement comme pour 2 surfaces de plexiglas que l’on aurait séparées rapidement.
Le crack n’a donc pas de valeur péjorative pour l’articulation comme on pourrait le penser.
7) Pas de crack pas d’efficacité ?
Comme nous l’avons dit, l’articulation est bloquée par au moins 2 composantes, le spasme péri-articulaire et la dépression intra-articulaire. Si l’on rééquilibre les tensions musculaires péri-articulaires par l’exécution rapide de la manipulation, la dépression s’estompe dans la plus grande majorité des cas.
Il n’est donc pas nécessaire qu’il y ait un craquement pour que la manipulation soit efficace.
8) La technique est-elle douloureuse ?
Dans la majorité des cas si la technique est bien réalisée, la manipulation qui conduit à un craquement articulaire ne provoque aucune douleur mais plutôt au contraire un soulagement et une efficacité qui se révèle très rapide voire parfois même instantanée.
Les éventuelles douleurs qui peuvent se produire, sont liées au système musculaire péri-articulaire qui peut être contracturé et donc sensible. De ce fait la technique peut, par appui sur la zone musculaire sensible, être légèrement désagréable tout en étant largement supportable.
Rassurez-vous si votre praticien ostéopathe D.O. est consciencieux, en s’apercevant de la sensibilité accrue de la zone à traiter, il proposera une technique différente plus confortable en rapport à votre état algique.
Principes du traitement viscéral
1) Introduction
Le système viscéral comprend tous les organes et tissus contenus pour la majorité sous le diaphragme dans la cavité abdominale. Le Foie, l’Estomac, la Rate et la continuité du tube digestif en intestin grêle et colon sont reliés entre eux par du tissu inter-viscéral appelés épiploons ou fascias qui constituent des systèmes de soutien de ces derniers et les maintiennent à leur place afin d’éviter qu’ils ne s’enroulent les uns sur les autres et ne s’étranglent. Dans ces épiploons et autour des fascias passent le système vasculo-nerveux des différentes structures viscérales qui comme son nom l’indique, va vasculariser et innerver ces structures viscérales.
2) Tensions tissulaires et dysfonctions viscérales
Tout déséquilibre de tension tissulaire de ces épiploons, fascias et système ligamentaire suspenseur (appelé en ostéopathie dysfonction viscérale), peut venir influer mécaniquement sur les systèmes vasculaire et nerveux mais également sur le tube digestif lui même. Cela peut ainsi provoquer potentiellement des troubles fonctionnels tels que des ballonnements, de légers syndromes de malabsorption, problèmes de digestion, constipation et diarrhée motrice* (*consécutive à une constipation où les muqueuses sécrètent du mucus afin d' »hydratater » les selles donnant de fausses diarrhées).
3) Répercussions de ces dysfonctions
Hormis les troubles fonctionnels digestifs que cela peut impliquer toutes ces tensions tissulaires peuvent générer, par rapport à l’équilibre du squelette, des déséquilibres mineurs qui appliqués quotidiennement sans interruption et même potentiellement par à coup avec les mouvements du diaphragme, peuvent se révéler très perturbateurs sur la posture et générer des réactions du système musculo-squelettique et causer : des cervicalgies, des trapèzalgies, des dorsalgies, des lombalgies, tendinites aux épaules (périarthrites scapulo-humérales) des maux de têtes (céphalées d’Arnold – migraines).
4) Origines de ces dysfonctions ou tensions viscérales
Ce tissu viscéral est comme tout autre tissu du corps humain (muscles, peau, ligaments, etc..), lorsqu’il est soumis à des forces qui l’étirent, il s’étire. Et lorsqu’il n’est soumis à aucune force d’étirement ni même qui le maintienne, il se rétracte. Attention, nous ne parlons pas ici de rétractions qui pourraient ressembler à une amyotrophie où l’on s’aperçoit qu’un muscle est de manière plus ou moins pathologique réduit en volume, mais d’une rétraction très minime qui a pour conséquence d’être palpatoirement très perceptible. Ces rétractions se fixent plus ou moins avec le temps. Au début il peut s’agir de simples adhérences de ce système viscéral qui mettent en place, sur les structures sur lesquelles ils se rattachent, des tensions qui se répercutent progressivement d’une structure à une autre. (Nous revenons toujours au principe fondamental de l’ostéopathie, l’anatomie du corps humain est fait de telle manière que chaque structure est reliée mécaniquement et fonctionnellement à une autre et le fait qu’une seule d’entre elle tracte sur une autre fait que cela se répercute à l’ensemble du corps.)
Ainsi les causes les plus importantes génératrices de dysfonctions viscérales sont, les positions vicieuses maintenues trop longtemps (« avachie sur soi même dans un fauteuil », posture en inclinaison maintenue pour une raison ou une autre, ex: travail au bureau), les traumatismes directs sur le ventre, les traumatismes émotionnels, les dysfonctions du diaphragme plus ou moins reliées aux causes précédemment évoquées.
5) Le traitement ostéopathique
Le traitement ostéopathique consiste, par une importante connaissance de l’anatomie viscérale, à diminuer voire supprimer les tensions mécaniques qui contraignent les viscères et autres structures sur lesquels ces tissus s’insèrent (côtes, vertèbres, diaphragme). Ce travail manuel très doux se sert la plupart du temps de la respiration afin que la correction soit la plus physiologique possible. Les résultats peuvent être, à la fin même de la première séance, très époustouflants et sembler parfois miraculeux mais il ne s’agit en fin de compte que de la libération de contraintes mécaniques s’exerçant sur les viscères eux-même ou d’autres structures à distance.
Ces explications ont pour vocation de renseigner les patients ou toute autre personne issue d’une formation médicale ou paramédicale qui souhaiterait comprendre un peu mieux les principes de l’ostéopathie. Les explications données ci-dessus sont en partie issues de la formation que j’ai reçue, mais proviennent également de mes propres réflexions. Elles n’engagent par conséquent que ma vision de mon métier et ne sauraient être la vision globale de tous les ostéopathes.
Rédigé par
Kevin PROVENZANI
Ostéopathe D.O.
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